Le village des Baux-de-Provence est connu pour son riche patrimoine médiéval et Renaissance. Il cache cependant des vestiges datant du II° et I° siècles avant JC enfouis sous ses fondations.
Un rempart celte
Parmi ces vestiges, un rempart celte, dissimulé sous des fortifications médiévales. Ce rempart a fait l’objet, en octobre 2024, d’une nouvelle étude grâce aux fouilles archéologiques menées par Sébastien Corniot et son équipe universitaire. Ce mur, remarquable par sa technique de construction, éclaire d’un jour nouveau les stratégies militaires des civilisations qui ont peuplé les Alpilles.
C’est le cas du rempart en grand appareil, au centre d’une opération archéologique dirigée par Sébastien Corniot dans le cadre de son doctorat. À première vue, rien d’exceptionnel : un mur qui semble tout récent. Mais une fois dégagé, il contraste avec le rempart médiéval qui le surplombe par son architecture plus contrastée.
Les experts sur le terrain nous apprennent qu’il s’agit d’un rempart celte, probablement édifié entre le IIe et le Ier siècle avant J.-C. À cette époque, des remparts en grand appareil étaient construits sur des oppida, ces sites fortifiés en hauteur. Celui-ci est remarquable par la précision avec laquelle les blocs de pierre ont été taillés. Ces blocs, parfaitement assemblés sans nécessiter de mortier, sont toujours là… ou presque.
Deux merlons semi-circulaires, dits en bouclier, ont été retrouvés non loin de là, au bord de la route qui traverse le col de la Vayède. Ces merlons participaient probablement à l’aspect imposant et prestigieux du rempart. Ils témoignent également de l’influence de techniques extérieures en matière d’artisanat de la pierre et d’architecture militaire.
On retrouve ce type de fortifications sur d’autres sites comme Saint-Blaise, près de Martigues, ou Glanum, dans les Alpilles, mais aussi sur des sites moins étudiés comme les Tours de Castillon. Cela permet de relier le rempart des Baux-de-Provence au groupe de fortifications en grand appareil de la basse vallée du Rhône et de supposer l’existence d’une stratégie militaire défensive à l’échelle du massif des Alpilles.
Pour le confirmer, Sébastien Corniot et son équipe universitaire ont rouvert un sondage réalisé en 1991 afin de procéder à un enregistrement complet par photogrammétrie. Les prises de vue photographiques seront ensuite traitées par ordinateur dans le but d’obtenir une modélisation 3D du rempart des Baux. L’opération terminée, le sondage est rebouché, laissant une question en suspens : combien de secrets le rocher cache-t-il encore ?
Sébastien Corniot est archéologue, doctorant, responsable d’opération et chargé de cours à l’Université Montpellier III. Sa thèse de doctorat « Archéologie des mondes antiques » porte sur les fortifications en grand appareil de la basse vallée du Rhône entre le IIe et le Ier siècles avant J.-C.